Jeu libre chez le jeune enfant : rôle et posture de l’assistante maternelle

Jeu libre chez le jeune enfant

Emma, 18 mois, pose délicatement un cube sur un autre. Il vacille, tombe. Elle recommence, concentrée. Dans le coin lecture, Théo, 2 ans et demi, nourrit son ours en peluche. À la fenêtre, Jade observe simplement les reflets du soleil. Trois enfants, trois mondes de découverte déployés sous votre regard bienveillant. Ces moments illustrent parfaitement le jeu libre du tout-petit. Ni laisser-faire ni activité structurée. Le rôle et la posture de l’assistante maternelle dans le jeu libre chez le jeune enfant sont essentiels. Loin d’être passive, votre présence crée les conditions d’une exploration riche et autonome. Vous accompagnez sans diriger, soutenez sans envahir, observez sans juger. Jouer est un droit fondamental et un besoin vital. Voyons comment votre mission participe à cette délicate et primordiale alchimie éducative, tant auprès des enfants que des parents.

Jeu libre chez le jeune enfant : une définition claire et un droit fondamental

Dans une maison d’assistante maternelle (MAM) comme à domicile, les jeunes enfants jouent. Ils explorent, manipulent, inventent, rient… et parfois s’ennuient. Tous ces moments relèvent du jeu libre, une activité spontanée, sans consigne ni but imposé. L’enfant joue parce qu’il en a envie, avec ce qu’il trouve, selon ses idées à l’instant T.

Ce jeu est essentiel à son développement. Ce n’est pas un simple temps de garde, mais un moment éducatif à part entière. En jouant librement, l’enfant exerce sa motricité, construit sa confiance et affirme sa personnalité.

Le jeu est aussi un droit fondamental, inscrit à l’article 31 de la Convention internationale des droits de l’enfant. Il s’applique dans tous les modes d’accueil : crèche, MAM, relais petite enfance (RPE), accueil individuel à domicile.

🫴 En tant qu’assistante maternelle agréée, favoriser le jeu libre, c’est offrir à chaque enfant un espace pour grandir à son rythme.

🗝️ Astuce pratique

Pour reconnaître un vrai jeu libre, vérifiez ces trois critères simples.

  1. L’enfant a-t-il choisi son activité ?
  2. Peut-il la modifier à sa guise ?
  3. Y prend-il plaisir sans attendre de résultat particulier ? 

Si la réponse est oui, vous observez un jeu libre authentique.

Les bienfaits du jeu libre sur le développement du jeune enfant

Le jeu libre constitue un véritable laboratoire pour l’enfant de 0 à 3 ans. S’amuser soutient le développement cognitif, affectif et social. Cette activité spontanée nourrit simultanément plusieurs domaines essentiels.

Le développement de la motricité : bouger, toucher, ressentir

Par le jeu, le tout-petit se découvre lui-même et explore son environnement grâce aux activités développant ses sens : l’audition, la vue, l’olfactif, le gustatif, le kinesthésique (toucher). 

Les fonctions exécutives : jouer pour penser

Elles se construisent également par le jeu. Apprendre en jouant constitue un aspect important de l’enseignement préscolaire pour le soutien à l’apprentissage de l’autorégulation, de la maîtrise de ses émotions, des fonctions exécutives. Planification, attention, mémoire : tout s’exerce naturellement quand l’enfant joue librement.

Le langage et l’autonomie

Vers 18 à 24 mois, le processus d’imitation démarre véritablement et ouvre la voie au jeu symbolique. En mimant les autres, « en jouant aux grands », l’enfant se décentre de lui-même pour aller vers autrui. C’est un premier pas vers l’autonomie.

Le langage se développe particulièrement à travers ce jeu symbolique. Pour le psychologue Jean Piaget, le langage émerge grâce à l’imitation différée. Faire semblant devient alors un puissant moteur d’apprentissage linguistique et social.

Des compétences scientifiques et mathématiques se développent aussi chez l’enfant à travers son jeu libre : 

  • évaluer les volumes (ce qui rentre dedans ou pas) ;
  • observer les phénomènes de gravité et d’équilibre (ce qui tombe vite, ce qui tient en suspension plus longtemps, ce qui bascule,etc.) ;
  • mesurer (ce qui passe dessous/dessous, les distances, le temps…), aligner, etc.

🫴 Pour vous, assistantes maternelles agréées, accompagner ces temps libres, c’est accueillir l’enfant dans sa globalité. Le jeu devient un langage à part entière, un outil d’épanouissement aussi naturel que vital.

Jean Epstein et le jeu libre : une autre vision de l’apprentissage

L’enfant apprend d’abord en aimant, puis en explorant.

Le jeu, c’est la vie de l’enfant

Pour Jean Epstein, psychosociologue, l’enfant apprend d’abord en aimant, puis en explorant. Il remet en cause l’ordre traditionnel de l’apprentissage : apprendre, comprendre, aimer ». Il recentre la pédagogie sur le lien affectif.
Le jeu, selon lui, est le mode d’expression fondamental du jeune enfant : il joue ses joies, ses peurs, ses découvertes.

La théorie des trois cerveaux

Jean Epstein distingue trois formes d’intelligence :

  • le cerveau affectif (émotions) ;
  • le cerveau logique (répétition) ;
  • le cerveau créatif (imagination).

Chaque enfant utilise ces trois dimensions, mais avec des équilibres différents. Ceux qui rêvassent, qui contemplent ne sont pas passifs : ils explorent autrement, avec leur cerveau créatif. Il est essentiel de reconnaître cette richesse.

Stop à la performance, à la surstimulation

Jean Epstein alerte : vouloir faire du jeu un outil d’apprentissage systématique, c’est inhiber sa puissance naturelle. Il faut jouer pour le plaisir. C’est un bon moyen pour l’enfant de découvrir ses capacités, ce qu’il aime, ce qui l’attire, ce qu’il arrive à faire (ses compétences) et de les développer.

🫴 Votre posture bienveillante, votre capacité à offrir un espace libre et sécurisé, rendent ce jeu fécond.

🗝️ Astuce pratique

Face à une scène de jeu, utilisez la grille des trois cerveaux. Cet enfant privilégie-t-il l’émotion, la logique ou la créativité ? Cette lecture vous aide à adapter votre accompagnement à son profil unique.

Mesurez le nombre de jouets nécessaires et suffisants, car plusieurs enfants peuvent avoir envie d’utiliser le jeu qu’il voit en action dans les mains de l’autre, soit pour l’imiter soit pour découvrir ce que lui peut en faire

Quel rôle joue l’assistante maternelle dans le jeu libre du jeune enfant 💫 ?

En tant qu’assistante maternelle agréée, vous avez un rôle actif dans le jeu libre. Vous soutenez sans diriger, favorisez l’éveil autonome, la confiance de l’enfant et sa sécurité.

Voici les principales pratiques qui structurent votre mission :

  • Préparer l’environnement : disposer des objets simples, ouverts, non finalisés ; organiser un espace propice au mouvement, à l’exploration et la concentration.
  • Observer sans interrompre : repérer les centres d’intérêt de chaque enfant, ses gestes récurrents, ses découvertes du moment.

🔗 Découvrez notre article sur : L’observation professionnelle

  • Respecter les temps d’ennui : ne pas combler chaque silence ou immobilité ; accueillir ces pauses comme des moments fertiles de transition et d’imagination.
  • Soutenir avec des mots descriptifs : remplacer les jugements par des observations factuelles ; nommer les actions de l’enfant pour valoriser son initiative sa confiance et son vocabulaire.

🫴 Ces gestes professionnels discrets rendent possibles des apprentissages profonds. Vous n’êtes pas en retrait : vous êtes pleinement engagée dans l’accueil du jeu, en respectant le rythme et les besoins de chaque tout-petit.

🗝️ Astuce pratique

Évitez les « tu fais quoi ? », les « c’est bien », les « tu me montres ? ». 

Préférez des phrases d’observation : « tu as empilé les gros cubes », « ce bébé dort longtemps », « ton dinosaure passe sous la table ».

Quelle posture adopter pour soutenir le jeu libre en tant qu’assistante maternelle 💫 ?

Le jeu libre s’épanouit dans un cadre relationnel stable, chaleureux et confiant. Votre posture intérieure joue ici un rôle fondamental : discret, mais profondément ressenti par l’enfant.

  • Être un adulte-phare : vous êtes ce repère affectif solide, comme le décrit Anne-Marie Fontaine. Présente sans envahir, disponible sans diriger, vous offrez à l’enfant la sécurité dont il a besoin pour explorer sereinement.

🔗Découvrez notre article sur le lien d’attachement

  • Adopter une présence ajustée : vous vous tenez à la bonne distance, ni trop près pour ne pas interrompre, ni trop loin pour ne pas inquiéter. Votre simple regard bienveillant peut suffire à encourager.
  • Faire confiance : croire profondément que l’enfant est compétent. Qu’il sait, à son rythme, ce dont il a besoin pour jouer, pour apprendre, pour grandir.
  • Se mettre à hauteur : physiquement et symboliquement. Vous êtes avec l’enfant, dans son monde, sans le tirer vers le vôtre. Cela change tout dans la qualité de la relation.

🫴 Votre posture façonne le climat affectif de votre lieu d’accueil. Elle rend le jeu possible, serein, libre. Elle reflète votre professionnalisme autant que votre humanité.

Valoriser le jeu libre auprès des parents employeurs : conseils aux assistantes maternelles

Expliquer le jeu libre aux parents n’est pas toujours aisé. Inquiets de voir leur enfant « ne rien faire », certains doutent de la valeur éducative de ces moments.

🫴 Votre rôle : rendre visible l’invisible. Mettez des mots simples sur ce que vit leur enfant.

Par exemple : « Quand Emma empile et fait tomber les cubes, elle développe sa coordination et sa compréhension de cause à effet. »
Et rassurez-les sur les temps d’ennui : ils nourrissent la créativité et l’initiative.

Intégrer cette approche dans votre projet d’accueil est un excellent moyen de professionnaliser votre démarche.

Décrivez :

  • vos aménagements favorisant l’autonomie ;
  • votre posture bienveillante ;
  • les bénéfices observés chez les enfants.

Cela informe et sécurise les familles. Vous renforcez leur confiance en votre expertise.

🗝️ Astuce pratique


Lors d’un échange, illustrez vos propos par un exemple vécu. Montrez ce que le jeu libre révèle : une compétence motrice, langagière ou sociale.
Pourquoi ne pas créer un petit fascicule à remettre aux parents : Le jeu libre expliqué simplement ?

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Le jeu libre en MAM : une pratique collective à accompagner

En maison d’assistantes maternelles (MAM), le jeu libre prend une dimension collective. Il permet aux tout-petits d’interagir, d’imiter, d’observer, tout en respectant leur rythme individuel. Pour que l’enfant déploie tout son potentiel, le jeu libre repose sur trois piliers : 

  1. un cadre sécurisant ;
  2. une équipe cohérente ;
  3. un aménagement réfléchi.

Chaque espace influence les jeux qui s’y déroulent : coin calme, zone motrice, bac à trésors, etc. L’organisation matérielle et l’intention éducative vont de pair. Elles permettent de conjuguer liberté d’exploration et sécurité affective, même en groupe.

🫴 Vous vous demandez comment aménager concrètement votre MAM pour favoriser le jeu libre ? Retrouvez nos conseils pratiques dans notre prochain article : Aménager l’espace en MAM pour soutenir le jeu libre.

Le jeu libre fait partie du quotidien des petits et de leur assistante maternelle. Parfois discret, mais toujours porteur de sens, il révèle les compétences du jeune enfant, soutient son développement et renforce votre posture professionnelle. En l’observant, en le valorisant, vous offrez un accueil profondément respectueux du rythme et des besoins de chacun.

Nos sources :

Unicef

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